Le pouvoir du crowdsourcing

Le Crowdsourcing au service de la transparence publique

Le crowdsourcing ou production participative est une des possibilités souvent utilisées dans la création de ressources en Open Data. Cela consiste à réaliser grâce à la collaboration d’un grand nombre de personnes plusieurs tâches qu’il serait difficile de réaliser autrement sans engager des ressources importantes (humaines et techniques notamment), comme la réalisation des cartes ouvertes.

Une ouverture de donnée pour plus de transparence publique

Les lois permettant de mettre en place plus de transparence dans les activités publiques des élus de la République sont longues à être décidées et mises en place causant ainsi du mal à la démocratie. La population alertée régulièrement par des articles de presse remarque que de nombreux élus participent à la production du malaise envers la classe politique en cachant des rencontres avec certaines personnalités et lobbyistes ou en employant des personnes de leur entourage direct. De plus les sommes alloués aux frais de fonctionnement des élus étaient versés sans demande de justificatif, ce qui fait partie des éléments remis en cause dans la loi en train d’être écrite sur la « Moralisation de la vie publique ». Pour aider la mise en place davantage de transparence dans la vie publique, des associations veillent à la mise en place d’outils permettant de mettre en open data certaines données. En 2014, l’association Regards Citoyens fait un appel pour que les citoyens traitent manuellement les déclarations d’intérêts remplis par les 920 parlementaires.

Création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP)

La Haute Autorité créée en 2014 à la suite de l’affaire de fraude fiscale du ministre de l’Économie et des Finances de l’époque, Jérôme Cahuzac. Celle-ci à la charge de recevoir, contrôler, avec l’administration fiscale, et publier les déclarations de situation patrimoniale et les déclarations d’intérêts de certains élus, membres du gouvernement, collaborateurs et dirigeants d’organismes publics. L’HATVP a aussi un devoir de conseils envers les élus qui le désirent en répondant aux questions de déontologie et de conflit d’intérêts relatifs à l’exercice de leur fonction. L’HATVP faisant partie des Autorités Administratives Indépendantes (AAI), elle peut faire le choix de faire d’émettre des recommandations si elle l’estime nécessaire.

Lobbyng associatif pour plus de transparence

Suite à la création de cette nouvelle autorité, l’ensemble des parlementaires a dû faire leur déclaration d’intérêts et les mettre à disposition. L’ensemble des dépositions ont donc été faites sur papier puis scannées et laissées en accès libre. Pour pouvoir rendre utilisable l’ensemble de ces données non informatisées, Regard Citoyen a lancé un appel auquel ont répondus près de 8000 personnes pour lire chacune des déclarations et pouvoir les remettre à disposition au grand public, dans des formats ne nécessitant pas l’achat de logiciels propriétaires. Résultat : En une semaine les bénévoles ont réussi à créer une base de données ouverte, permettant de créer de l’information participant à la transparence de la vie publique. Voici quelques exemples de ces constatations :

Dans le premier exemple sont consignés les informations que les parlementaires ont remplies :

stats-neant.png

Le second tableau s’intéresse lui au nombre de collaborateurs des parlementaires et a permis la création d’un annuaire des 3000 personnes ayant (en 2014) le statut d’assistant parlementaire.

stats-collaborateurs.png

L’ensemble des lois de transparence ont pour but de rapprocher les citoyens de leurs élus en mettant à la lumière certains éléments comme des conflits d’intérêts entre les activités publiques et privées.

Actions contre la corruption

Ce type d’avancement inscrit dans la loi doit permettre à terme la réduction des risques de corruption. L’ONG Transparency International publie chaque année son indice de perception de la corruption. Celui-ci est établi en agrégeant des données d’enquêtes collectées par 12 institutions indépendantes, telles que la Banque mondiale ou encore le Forum Économique Mondial. Pour l’année 2016, la France était classée à la 23e position dans ce classement. Pour rendre cette donnée plus palpable, Transparency International France a créé une carte de France où elle fait apparaître l’ensemble des décisions de justice liées à la corruption, identifiées par des bénévoles à partir de la presse, par manque de base publique.
Cette carte est accessible sur https://www.visualiserlacorruption.fr/.

Carte de corruption Bretagne.png

Exemple des informations répertoriées sur cette carte collaborative :

En cliquant sur un point près de Rennes, l’on obtient par exemple la condamnation du laboratoire Biorance, pour « le versement de commissions et pots-de-vin à une trentaine d’infirmières libérales, pour que ces dernières adressent prioritairement leurs patients dans ses laboratoires d’analyses médicales depuis 2007 ». Figure sur chaque fiche une description succincte avec les principaux faits reprochés, date de condamnation, date et lieu, montant du préjudice, etc. ainsi que les références de ces informations.

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Les systèmes de cartographie en Open Data

La cartographie Open Street Map

Le projet OpenStreetData est un exemple parfait de ce que l’on peut faire à partir de l’Open Data, notamment car c’est un projet concret réunissant le monde de l’open source en partie initiateur de l’open data moderne. Ce projet réunit à la fois de nombreux contributeurs particuliers, associations et des entreprises. OpenStreetMap est utilisé chaque jour par des millions de personnes grâce à la mise à disposition gratuitement de nombreux fonds de cartes adaptés à différentes situations spécifiques (cartes topographiques, cartes à fort contraste pour faciliter les impressions…)

Les fonds de carte

OpenStreetMap est riche de par son modèle ouvert permettant la création de fonds de carte sans cesse amélioré par une communauté riche définie par différents acteurs très différents, composé entre autres d’associations, d’écoles, de particuliers et d’entreprises, qui vont pouvoir être utilisateurs ET contributeurs d’open streep map. Un fond de carte est la carte « neutre » sur laquelle vont être ensuite superposées les données à afficher. Selon des besoins très différents, l’on va avoir besoin de cartes très différentes avec la mise en valeur de certains éléments plutôt que d’autres, le fond de carte n’étant qu’une des représentations de la réalité. Certains vont avoir besoin de cartes avec images satellites quand d’autres préféreront des cartes avec moins de détails permettant de mieux se déplacer. D’autres fonds affichent la topographie des terrains, la profondeur des océans, certains points d’intérêts comme les stations-service. OpenStreetMap (OSM) est un projet intéressant, car chaque contributeur peut apporter son aide dans la constitution de fonds de carte ouverte à l’ensemble de la communauté et qui pourra ensuite être réutilisée et remodifiée. Ces modifications entrent dans un processus complexe de vérification permettant aux cartes de rester utilisable face à certains contributeurs qui pourraient volontairement ou involontairement ajouter de fausses informations. Une partie des fonds de carte utilisés par OSM provient directement de la contribution de l’État via le cadastre mis à disposition par la DGFiP sur cadastre.gouv.fr.

Les données à saisir

Exemple sur le territoire rennais : OSM35
L’association locale rennaise organise régulièrement des Hackatons dans le but d’enrichir les cartes thématiques créées depuis plusieurs années. La participation des nombreux bénévoles permet d’enrichir les données des cartes et de les rendre les plus utiles possible pour l’ensemble de la communauté. On parle de cartes construites POUR et PAR ses contributeurs, au service du plus grand nombre et réutilisables, car le projet reste sur la licence ODbL, licence qui impose un partage à l’identique avec la mention obligatoire d’attribution « les contributeurs d’OpenStreetMap sous licence ODbL ».

Les projets OSM35

Open Street Map 35 travail en partenariat avec plusieurs autres associations dans et hors la MCE (Maison de la Consommation et de l’Environnement, située à Rennes) sur un important projet qui se nomme la « Carte Ouverte » sur laquelle se situe un fond de carte OSM auquel l’on ajoute plusieurs catégories à afficher. Toutes les indications ont pour point commun de mettre en avant les initiatives locales pour permettre la réduction de l’empreinte écologique sur les territoires du pays de Rennes et de l’agglomération vitréenne. Un des objectifs secondaires est également de faire connaître les logiciels libres à de nouveaux utilisateurs et leur permettre de cartographier précisément le territoire sur un fond de carte libre.

Carte Ouverte Illustrée.jpg

La « Carte Ouverte » est donc une carte en ligne thématique, ouverte à tous et offrant un service d’information sur toutes les initiatives écologiques remplaçant de fait une partie du travail que pourrait avoir à faire la métropole rennaise. Sur la partie technique, l’association a préféré mettre au point son propre logiciel « Editeur » de cartes personnalisées adaptée à son besoin de construction participative et associative.

Fonctionnement OpenStreetMap

Le fonctionnement technique simplifié d’OpenStreetMap correspond à ce schéma :

Fichier 1

 

Les changements apportés sur les nombreux fonds de carte par les différentes communautés sont tous vérifiés et validés grâce à toute une série d’outils spécifiques à différents domaines analysant la cohérence globale des données. Nous pouvons notamment citer :

  • Osmose (Open Street Map Oversight Search Engine) permet de faire des analyses de données, cherche les tags abandonnés…
  • Keep Right ! : Liste les erreurs de cohérence des données

Attention : Certaines cartes risquent de comporter des erreurs, notamment à la suite de travaux routiers, changement de signalisations, etc. … pouvant rendre obsolètes certaines cartes.

Des cartes éphémères

L’autre avantage de ce système de cartes en open source, reposant sur des données open data (ou données de « Bien Commun ») est qu’il est prévu pour être accessible même pour des personnes n’ayant pas de formation spécifique et qu’avec un peu de connaissance, il est tout à fait possible de créer des cartes rapidement et spécifiques pour certains évènements comme l’organisation d’un festival. L’autre avantage des éditeurs de données est qu’ils permettent souvent aux contributeurs d’ajouter eux-mêmes leurs propres icônes permettant ainsi de donner à la fois une grande liberté d’action aux créateurs des « surcouches de cartes » ainsi que des informations pertinentes aux usagers de celles-ci.

OSM Lagny (094).pngFigure 1 Village Alternatiba de Lagny sur Marne (094)

Utilisation des cartes comme moyen de data-visualisation

Les systèmes de cartes en open data permettent également un usage simple et rapide pour permettre de visualiser des données et de rendre interactif cet usage. C’est ainsi que des journaux tels le télégramme arrive à illustrer une donnée compliquée de manière simple sur des sujets aussi compliqués que les subventions accordées en Bretagne, avec mise à disposition des tableurs permettant la création de cette carte.

Subventions bretagnes.pngFigure 2 http://bit.ly/2x5X8Xk

Cartes avec accès aux flux de données 

Transports Rennes développée par Yan Bonnel

À Rennes, l’application « Transports Rennes » développée par Yan Bonnel utilise à la fois des fonds de cartes propriétaire comme ceux de Google Maps et une surcouche d’informations permettant de trouver les stations de vélos en libre-service près de soi ou dans la ville, avec le nombre de vélos utilisés, ceux disponibles et quels sont les stations acceptant un moyen de paiement. Cette application et toutes celles qui le désirent obtiennent en temps réel ces informations grâce à l’ouverture via une API à un flux de données en continu depuis les serveurs de hébergeant ces informations à ceux de l’application. Cette logique est continue avec l’ensemble du réseau de transport rennais, c’est à dire les bus et train avec leurs horaires sans oublier les places de parking mis en autopartage. Cette fois-ci bien que la carte soit propriétaire, l’application ne pourrait pas fonctionner sans le flux de données en accès libre donnant la position de charge transport en commun pour faciliter la vie de chacun.

 

Norvège : revenus et nos impôts rendus publics

Si l’on parle aujourd’hui d’open data comme un phénomène nouveau c’est que la pratique a été remise au goût du jour avec l’engouement du traitement des données liées à la production et au traitement en masse de celles-ci.

Les pays nordiques sont parmi les premiers à ouvrir une partie de leurs données et ceux depuis 1766 pour la Suéde avec son « offentlighetsprincipen) permettant aux habitants de faire une demande d’accès aux documents publics, ce qui inclus un nombre important d’informations sur leurs concitoyens comme les salaires ou les déclarations fiscales. En Norvège, l’ouverte de certaines données des citoyens (nom, profession, revenus,  actifs et les impôts municipaux) est une pratique vieille du XIXe siècle. Elle a été adoptée lors de la rédaction de Constitution du pays en mai 1814 à la suite de l’indépendance de ce pays. L’une des autres explications réside dans le fait que les pays nordiques soient des pays protestants cherchant à favoriser la transparence tout en encourageant chacun à payer la part d’impôt demandée. Le fait de pouvoir vérifier que chaque citoyen paye une part d’impôt juste, dépendant des revenus, donne un sentiment d’égalité et de justice de tous face à la redevance. En 2001, la Norvège modernise ce service et propose à chacun d’accéder aux données fiscales directement depuis Internet. D’après Thor Olav Thoresen, chercheur au Bureau de statistique SSB, une des conséquences indirectes fut d’inciter les mauvais payeurs à se régulariser comme le montre l’augmentation des recettes publiques d’environ 500 millions de couronnes (plus de 56 millions d’euros) par an depuis sa mise en place. L’un des autres effets positifs de cette pratique est la mise en place de réflexions autour de diverses inégalités telles les disparités salariales entre hommes et femmes et d’inciter à contrôler les disparités salariales entre patrons et salariés. Pour éviter des dérapages tels du voyeurisme, des gardes fous existent comme une identification obligatoire du demandeur et une notification avec la personne demandeuse aux personnes dont l’on consulte le dossier. Sont dispensés de ces contraintes les journalistes du fait que cette base publique apporte une source documentée à leurs recherches.

L’Open Data apparaît comme un facteur de bonne santé pour les démocraties avec davantage de transparence à la clef. Ces ouvertures de données donnent un sentiment de confiance des citoyens en leurs élus et diminuent la corruption des pays. Ainsi il n’est pas étonnant de voir dans le classement des pays selon la perception de la corruption réalisée depuis 1995 par l’ONG « Transparency International » les pays nordiques à de bonnes places. La Norvège est à la cinquième place, précédée par le Danemark (1er), la Nouvelle-Zélande (2e), la Finlande (3e) et la Suède (4e).

Smart Cities, l’avenir local de l’Open Data

Définition

La Smart City – ou ville intelligente en français – désigne selon wikipedia¹ « une ville utilisant les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour « améliorer » la qualité des services urbains ou encore réduire ses coûts. »

Mise en place

La mise en place de la ville intelligente nécessite la création d’un écosystème structuré rassemblant les élus politiques, des associations, les citoyens, agents de la ville et les entreprises locales, mais également des entreprises maîtrisant les infrastructures logiciel (IBM, Schneider Electric, Thales). Ce réseau est un préalable permettant de définir les besoins actuels et futurs de la ville, permet de collecter des données via des capteurs ou la société civile, et de gérer efficacement toutes ces données pour fournir tous les services dont se prévaut la Smart City. Ces services intelligents sont essentiellement regroupés autour de quatre piliers que sont :

  • Les programmes de construction prévoyant de mutualiser certains espaces et de répartir intelligemment en favorisant des bâtiments basse consommation et respectant des normes environnementales.
  • L’aménagement du territoire avec l’installation sur les bâtiments et espaces publics tout une batterie d’objets connectés générant en continu des données sur la qualité de l’eau, de l’air, les températures, durées d’ensoleillement, trafic routier …
  • Traitement des données produites afin de créer ensuite des informations utiles aux prises aux constructions des politiques de la ville ainsi que de mettre en place de nouveaux services et une optimisation des services existants. Un traitement efficace  des données permet de faire des économies par une meilleure gestion des investissements et des budgets alloués.
  • Exploitation des structures améliorée. La ville peut mieux gérer ses missions prioritaires telle la gestion des déchets et des différents réseaux (eau, électricité, transports en commun, télécommunications …). La gestion de l’électricité par le projet Grid expliqué plus tard donne une démonstration d’une gestion intelligente des systèmes d’éclairage public.

Les données étant -selon le principe de l’open data appliqué aux villes de plus de 3500 habitants- libres d’être utilisées par tous, elle participent à attirer des développeurs et des sociétés ayant besoin de donnés pour développer leurs activités commerciales ou de nouveaux services. L’Open Data est par conséquent un important vecteur d’attractivité pour les territoires.

Exemples d’application à travers Rennes.

La Metropole de Rennes devient l’une des villes pionnières du pilotage énergétique intelligent en s’impliquant dans l’expérience « SmartGrid » et est d’ailleurs récompensée pour cela par le SIATI (Somment Infrastructure, Aménagement du Territoire et Immoblier). Cette expérience vise à développer la production d’énergie verte à l’aide de panneaux photovoltaïques pour alimenter le territoire local (écoles, entreprises, particuliers …) et est innovante en cherchant la meilleure efficience entre production et consommation de l’énergie.
Ceci n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres comme l’exploitation de nombreuses données publiques utilisées par Rennes Métropole à travers son portail data.rennesmetropole.fr, mais aussi par des acteurs privés tels « Data BZH » ou encore « City Velo » dont l’application renseigne en temps réel le nombre de vélos empruntés à chaque station vélo star.

Obstacles à la Smart City

Open Data et Smart City sont intimement liés, car l’un dépend de l’autre et ils rencontrent les mêmes problématiques c’est pourquoi ces deux sujets peuvent difficilement être traiter séparément. L’un des principaux freins aujourd’hui au développent de la ville intelligente est la multiplication des formats de données qui de fait bloque l’exploitation efficace de ces mêmes données. Rien que pour les données de transport, il existe une multitude de données entre celles qui sont fournies par les sociétés de transport, les communes et les différents formats utilisés par chacun (allant du PDF, au csv en passant par toutes les données produites par les différents logiciels propriétaires). Il y a quelques règles à respecter si l’on veut que le développement de l’open data et de son penchant smart city soit possible rapidement en s’intéressant au format, à la structure des données et aux méthodes de distribution.

Format : Les producteurs de données sont vivement encouragés à fournir des jeux de donnés sous format .csv (lisibles aussi bien par les systèmes informatiques que de l’homme). L’idée générale est de fournir un fichier facilement accessible en proposant différents formats utilisables par les machines et les utilisateurs sans devoir passer par des logiciels onéreux. Le format d’origine est important, mais un export dans plusieurs formats garantit un accès durable aux données en prenant en compte la possibilité d’obsolescence à venir de certains formats.

Structure des données : Les structures classiques des données sont sous formes tabulaires (formé de colonnes et de rangées, comme sous le tableur Excel). Il existe comme autre forme les données hiérarchiques qui représentent les relations entre différents éléments (comme les arbres généalogiques ou la hiérarchie au sein d’une entreprise … souvent sous le format .JSON) ou encore les structures de réseau telle la représentation des réseaux sociaux de type Facebook ou LinkedIn.
Lorsque l’on parle de structure des données, on doit également parler du nettoyage des données qui sont nécessaires pour enlever les éléments parasites ainsi que les données permettant d’identifier des personnes.

Représentation d’une structure en réseau source³ : europeandataportal.eu

Méthode de distribution : Il est nécessaire de s’interroger sur la taille du fichier mis à disposition, la régularité de sa mise à jour, le nom (et sa structure), s’il s’agit de données à un instant T ou d’un flux de données (par exemple utilisés pour les informations de transport).

L’une des problématiques que soulève l’open data et les smart city résident dans les difficultés d’accès à ces technologies et aux financements nécessaires pour leurs mises en place.  Si ces problématiques ne sont pas résolues, les villes de petites et moyennes tailles et les zones rurales risquent de perdre une partie de leur attractivité aux profits de ville plus importante, aggravant une fois de plus les inégalités entre les populations de ces différentes collectivités.

Comment surmonter ces obstacles ?

Principalement en suivant les recommandations d’Etalab dont la mission est de coordonner la politique d’ouverture et de partage des données publiques (« open data ») et de l’association OpenData, France dont la mission est de regrouper et soutenir les collectivités dans leur passage à l’OpenData,. Les obligations d’ouverture des données pour les communes de plus de 3500 habitants posent des problèmes que ces entités tentent de résoudre en encourageant la mise en place de normes communes, de standards connus et utilisés par tous.

Création de pôles régionaux.

La création de pôles régionaux tels des sociétés publiques locales permettrait de mutualiser les différents capitaux (financiers, techniques, juridiques, humains …) et de permettre à d’appliquer les principes de la smart city à davantage de collectivités. Ces nouveaux pôles régionaux doivent être compléter par les différentes structures publiques que sont la SGMAP, SGET, Mission d’appui pour le financement des infrastructures, l’institut ville durable …

Tous ces éléments sont également appuyer par le « Rapport d’information fait au nom de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation sur les nouvelles technologies au service de la modernisation des territoires, par MM. Jacques MÉZARD et Philippe MOUILLER » tous les deux Sénateurs. Ce rapport rappelle l’importance pour les pouvoirs publics de veiller à aider tous les territoires dans leur transition numérique par une couverture intégrale des territoires (mise en place de la fibre optique, antennes 4G, transmission Li-Fi) et des formations adaptés aux acteurs territoriaux et aux habitants. 

Le cas « Rennes grid »

Lors du concours national SIATI (Sommet infrastructures, aménagement du territoire et immobilier) édition 2015, la Métropole rennaise s’était distinguée pour son projet smart grid nommé « Rennesgrid ».

Les « smart grids  » sont des réseaux électriques intelligents reposant sur l’utilisation des données récoltés par des capteurs. Ces réseaux permettent de mieux distribuer l’électricité et favoriser l’efficacité énergétique. Les besoins des consommateurs sont connus en temps réel, sur les différentes parties du réseau pour permettre d’optimiser en amont la production et le stockage de l’énergie selon l’offre et la demande.

Ce projet développé par Schneider Electric consiste à mettre en place sur le territoire du Ker Lann, à Bruz, un site de production d’énergie  à l’aide de panneaux photovoltaïques sur des résidences étudiantes, écoles ou entreprises du secteur tertiaire. Entre 8 et 15% de l’énergie est habituellement perdue lors du transport entre les lieux de production et de consommation de l’électricité. Partant de ce constat, le projet RennesGrid prévoit que les sites de production soient également les premiers consommateurs de  cette énergie verte produite localement. En plus d’être équipés de 7 000 à 10 000 m2 de panneaux solaires sur les bâtiments et sur les parkings du campus, les bâtiments de l’expérimentation sont également équipés de capteurs et d’équipements intelligents permettant de contrôler le plus justement la consommation d’énergie.

Cet exemple est parlant du fait qu’il s’agit en France de la création d’un modèle inédit mettant en collaboration de nombreux acteurs publics et privés (Schneider Electric, Caisse des dépôts et consignations, ENS, Enedis, ERDF, Enercoop, Ecoorigin, Langua Solution, la métropole rennaise et la ville de Bruz). Si cette expérience s’avère concluante, elle pourra être dupliquée sur de nombreux autres sites. Les avantages de l’autoconsommation et de la maîtrise de sa production/consommation permettent une meilleure gestion du réseau et des coûts y afférant. Ce projet est porté de 2017 (étude de faisabilité) à 2036 pour la production/consommation de cette énergie verte.

Rennes, terrain d’exploration IoT

Le projet Rennes Grid ne serait pas possible sans la volonté des élus de mettre en place un nouvel écosystème permettant à la ville de se muer en ville intelligente sur un temps moyen et long. Cette volonté politique est complétée par un environnement technique favorable ainsi que l’évolution de la législation. L’évolution rapide des IoT (Internet of Things ou « Internet des objets » en français) accélère les possibilités des villes notamment en termes de transition écologique. Le Smart Grid n’est pas le seul type de projets inclus dans la Smart City. Il est rejoint par d’autres initiatives nécessitant moins d’investissements et étant tout aussi importantes pour le développement de la « Cité ». Parmi ces projets l’on retrouve des recensements de données fournies directement par les citoyens à l’aide de capteurs distribués ou tout simplement à l’aide de la réutilisation des données captées par les smartphones (sous autorisation des utilisateurs et sans atteindre la vie privée).

Le Projet Ambassad’Air

La ville de Rennes s’est associée avec la Maison du Consommateur et de l’Environnement (MCE) pour la création d’une base de données en open data sur la qualité de l’air dans les différents quartiers de Rennes.

Le projet Ambassad’Air fait partie de ces projets mêlant action citoyenne et récolte des données pour aider l’action publique dans ses choix à venir. Ce projet animé par Jacques Le Letty de la MCE entre octobre 2016 et fin mars 2017 consistait à fournir des capteurs de pollution à une vingtaine de familles des quartiers du Blosnes et de Villejean.  Les relevés des données sont consultables en accès libre, gratuitement, par tous, sur le site internet « Aircasting » dédié . Elles ont permis de compléter les données récoltées par l’acteur public en charge de la qualité de l’air, Air Breiz pour la région Bretagne. Attention, malgré la formation des testeurs à l’utilisation des capteurs, les données récoltées sont à prendre avec des pincettes à cause des perturbations qui ont pu altérer les résultats comme le vent, des avaries électroniques, la pluie …)

Autre projet : OpenBioBlitz dont l’objectif est de permettre la contribution et la compréhension des citoyens pour le rassemblement des données de biodiversité lors d’un « BioBlitz ».

¹ https://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_intelligente
² http://www.rennes-atalante.fr/actualites-technopole/actualites-de-la-technopole/blog/rennesgrid-premier-demonstrateur-smartgrid-sur-rennes-atalante-ker-lann.html
³ https://www.europeandataportal.eu/elearning/fr/module9/#/id/co-01
https://fr.wikipedia.org/wiki/Smart_grid
http://www.wiki-rennes.fr/Air_Breizh

Rennes, IoT et projets citoyen

La ville de Rennes participe à de nombreux projets open data mettant en liens la ville avec des associations comme cela est le cas avec la Maison du Consommateur et de l’Environnement (MCE).

Le projet Ambassad’Air fait partie de ces projets mêlant action citoyenne et récolte des données pour aider l’action publique dans ses choix à venir. Ce projet animé par Jacques Le Letty de la MCE a consisté à fournir, entre octobre 2016 et fin mars 2017, à une vingtaine de famille dans les quartiers du Blosnes et de Villejean des capteurs d’air afin de mesurer les émissions de particules fines. Les relevés des données sont consultables en accès libre, gratuitement, par tous, sur le site internet «Aircasting» dédié. Elles ont permis de compléter les données récoltées par l’acteur public en charge de la qualité de l’air, Air Breiz pour la région Bretagne. Attention, malgré la formation des testeurs à l’utilisation des capteurs, les données récoltées sont à prendre avec des pincettes à cause des perturbations qui ont pu altérer les résultats comme le vent, des avaries électroniques, la pluie…)

Autre projet : OpenBioBlitz dont l’objectif est de permettre la contribution et la compréhension des citoyens pour le rassemblement des données de biodiversité lors d’un BioBlitz

 

http://www.wiki-rennes.fr/Air_Breizh

Rennes, Smart City

Emmanuel Couët, président de Rennes métropole, prédit la création d’un millier d’emplois annuels dans le secteur du numérique avec l’obtention en 2014 par le Mabilay du prestigieux label de la French Tech et l’installation d’entreprises du numérique.

Concernant la technopole de Rennes Atalante, ce sont près de 70 % d’entreprises travaillant dans le secteur du numérique ce qui représente plus de 200 entreprises et près de 15000 salariés. L’ensemble de ces entreprises constituent pour la métropole de Rennes un incroyable terreau d’innovation, permettant d’obtenir une place de choix dans la France et l’Europe à venir.

Pour permettre à ce projet de se concrétiser, les élus locaux soutiennent toutes les initiatives publiques comme privées pour la transition numérique en cours sur le territoire local. Depuis la loi numérique que nous verrons dans une autre partie et dont l’application débutera à partir d’octobre 2018 sur l’ensemble du territoire, l’ouverture des données «par défaut» sera obligatoire dans les collectivités de plus de 3500 habitants.

La richesse et la diversité des acteurs locaux permettent dès 2012 la création du collectif «Open Data Rennes» dont le but est de réunir «développeurs, graphistes, journalistes, citoyens intéressés, porteurs d’idées et de projets, acteurs de la collectivité» et de leur faire découvrir l’open data. Cette promotion de l’OD a pour but de permettre son développement rapide afin de donner accès au plus grand nombre aux données récoltées par les services publics et permettre le développement de nouvelles entreprises et de nouveaux services, contenus… L’OP est une richesse, une source que peuvent par exemple exploiter les datajournalistes pour faire de la datavisualisation et redonner un aspect à l’information plus claire et détaillée au lectorat.

Open data, quel avenir ?

Construction de l’Open Data à venir

L’Open Data du futur se partagera entre des données publiques produites par les institutions publiques – cadrées juridiquement pour retirer les données a caractères personnelles, données de défense entre autres – et les données partagées par les entreprises et les données coproduites ou améliorées par les utilisateurs eux-mêmes (exemple avec le projet open street map).

Une construction multiacteurs

La construction de l’open data passe d’un système propulsé par le législateur, avec une donnée est construite, détenue et partagée depuis l’acteur public à une construction collective regroupant en plus du contributeur historique un nombre croissant d’entreprises, associations, utilisateurs produisant des bases de données de plus en plus riches, diverses et variées, comprenant également des données personnelles.

Le phénomène de crowdsourcing est l’un des cœurs à venir de l’open data avec des exemples déjà bien concrets, reprenant le plus souvent des projets open source qui sans cette aide de volontaire ne pourrait pas êtes économiquement viable alors qu’ils sont importants pour le développement marchand et non marchand de la société. Les exemples ne manquent pas, de la complétion des cartes OpenStreetMap sur lequel nous reviendrons au recensement des arbres remarquables pour la ville de Rennes pour mettre en valeur le patrimoine local ou encore faire appel aux citoyens dans le cadre de la recherche (ex : piégeage de frelons asiatiques pour les envoyer au CRNS de Tours et aider des chercheurs sur cette problématique écologique/économique). Les domaines de crowdsourcing ne manquent pas de thématiques.

Différents niveaux d’investissement dans l’open data

En plus du producteur de la donnée, il existe de nombreux autres contributeurs possibles pour enrichir les bases de données et les rendent les plus exactes possible. Les données peuvent être commentées, annotées afin d’affiner leurs appréciations ou corriger des erreurs, l’on peut ajouter un jeu de données qui était jusque là inaccessible, maintenir une donnée à jour (un changement de nom de rue, de sens de circulation…).

Importance du crowdsourcing

Faire appel aux utilisateurs pour enrichir une base de données et répondre aux besoins de tous existe déjà dans les secteurs privés avec l’action des utilisateurs Google Maps pour signaler des erreurs de cartes, sur waze pour signaler des anomalies de circulation. Le fait d’étendre le champ de la participation des citoyens aux données libres est indispensable pour permettre d’avoir des données «propres» qui deviennent des données de confiance pour l’utilisation à des tiers. Dans le Finistère la ville de Plouarzel a fait participer ses habitants lors de «carton-parties» pour créer leur carte sur le modèle OSM et en faire bénéficier l’office du tourisme. Celui-ci a réussi à capter des données qu’il lui aurait été impossible de constituer et permet de faire profiter les touristes de ces informations sans que la donnée soit bloquée, privée et réutilisable pour tous types d’usages.

 

Etalab et la Licence Ouverte / Open Licence

Personnes favorables open data : député Lionel Tardy (LR), sénatrice (EELV) Corinne Bouchoux

Missions Etalab.

La mission Etalab coordonne la politique d’ouverture et de partage des données publiques («open data»). Etalab, fais partie de la Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat (DINSIC). Elle coordonne les actions des administrations de l’Etat et apporte son appui pour faciliter la diffusion et la réutilisation des informations publiques. Ses autres missions son le développement et l’anime la plateforme d’open data www.data.gouv.fr destinée à rassembler et à mettre à disposition librement l’ensemble des informations publiques de l’Etat, de ses établissements publics et, si elles le souhaitent, des collectivités territoriales et des personnes de droit public ou de droit privé chargées d’une mission de service public. La mission contribue également à la mise en œuvre des principes de «gouvernement ouvert» : transparence de l’action publique, consultation et concertation avec la société civile, participation citoyenne, innovation ouverte….

La «Licence Ouverte/Open Licence» présente les caractéristiques suivantes :

  1. Une grande liberté de réutilisation des informations :
    • Une licence ouverte, libre et gratuite, qui apporte la sécurité juridique nécessaire aux producteurs et aux réutilisateurs des données publiques;
    • Une licence qui promeut la réutilisation la plus large en autorisant la reproduction, la redistribution, l’adaptation et l’exploitation commerciale des données;
    • Une licence qui s’inscrit dans un contexte international en étant compatible avec les standards des licences Open Data développée à l’étranger et notamment celles du gouvernement britannique (Open Government Licence) ainsi que les autres standards internationaux (ODC-BY, CC-BY 2.0).
  2. Une exigence forte de transparence de la donnée et de qualité des sources en rendant obligatoire la mention de la paternité.
  3. Une opportunité de mutualisation pour les autres données publiques en mettant en place un standard réutilisable par les collectivités territoriales qui souhaiteraient se lancer dans l’ouverture des données publiques.

La licence est un contrat devant permettre aux utilisateurs de connaître précisément les conditions de mise à disposition et de réutilisation des données. Son principe est de garantir des libertés aux réutilisateurs, et de leur assurer une sécurité juridique pour leur permettre de se soucier avant tout du développement de leur application, de leur visualisation de données ou des connaissances qu’ils en tirent plutôt que d’entrer dans de complexes et pénibles analyses juridiques.

Le mardi 20 mars, Etalab a mis en ligne la dernière version de la licence Open Data renommée «Licence Ouverte Administrations» utilisable par les administrations sans faire disparaître pour autant la «Licence Ouverte» existant depuis 2011. La coexistence de ces deux licences sera compatible et cette mise à jour était nécessaire pour permettre de clarifier les droits et obligations de l’utilisation des données en OpenData, par les développeurs qui doivent en outre veiller à ce que les données respectent les principes de respect de la vie privée dicté par la CNIL.

Cadre juridique autour de l’Open Data

Le cadre juridique de la réutilisation des informations publiques à titre gratuit en France est principalement composé des lois n° 2015-1779 du 28 décembre 2015 relatives à la gratuité et aux modalités de la réutilisation des informations du secteur public (appelée aussi Loi Valter) et n° 2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique (loi Axelle Lemaire ou Loi pour une République Numérique, le code des relations entre le public et l’administration.

Loi Valter

Cette loi votée le 17 décembre 2017 et portée par la secrétaire d’Etat en charge de la Réforme de l’Etat et de la Simplification, Clotilde Valter, offre l’un des principaux intérêts de l’open data gouvernemental en gratuites l’utilisation des données. Cependant ce texte est aussi critiquable et critiqué du fait des exceptions à la réutilisation libre et gratuite des données qu’il impose dans les domaines de la culture, l’enseignement et la recherche. Sur le choix des formats des données, le texte ne va pas assez loin en laissant optionnel le choix d’un «standard ouvert et aisément réutilisable [lisible par une machine] et du fait que les données ne sont pas obligatoirement livrées au format électronique. Ce texte de loi permet aussi le maintien des redevances dont des opérateurs tels l’Insee et l’IGN sont dépendant financièrement, rendant de facto la gratuité des données plus restreinte.

Loi Notre

Oblige les collectivités de plus de 3500 habitants à ouvrir leurs données et l’ouverture des données de transport dans la loi Macron.

Code des relations entre le public et l’administration

Le code des relations entre le public et l’administration permet de clarifier le droit d’utilisations des données produites par les administrations publiques par tous dans les meilleures conditions tout en excluant certaines données du champ public. Ce code est composé des deux articles suivant :

Article L321-1 : “Les informations figurant dans des documents produits ou reçus par les administrations mentionnées à l’article L. 300-2, quel que soit le support, peuvent être utilisées par toute personne qui le souhaite à d’autres fins que celles de la mission de service public pour les besoins de laquelle les documents ont été produits ou reçus.

Lorsqu’elles sont mises à disposition sous forme électronique, ces informations le sont, si possible, dans un standard ouvert et aisément réutilisable, c’est-à-dire lisible par une machine.

Les limites et conditions de cette réutilisation sont régies par le présent titre, même si ces informations ont été obtenues dans le cadre de l’exercice du droit d’accès aux documents administratifs régi par le titre Ier.”

Article L321-2 : “Ne sont pas considérées comme des informations publiques, pour l’application du présent titre, les informations contenues dans des documents :

a) Dont la communication ne constitue pas un droit en application du titre Ier ou d’autres dispositions législatives, sauf si ces informations font l’objet d’une diffusion publique;

b) Ou produits ou reçus par les administrations mentionnées à l’article L. 300-2 dans l’exercice d’une mission de service public à caractère industriel ou commercial;

c) Ou sur lesquels des tiers détiennent des droits de propriété intellectuelle.

L’échange d’informations publiques entre les administrations, aux fins de l’exercice de leur mission de service public, ne constitue pas une réutilisation au sens du présent titre.”

Open Data et E-gouvernance

Emmanuel Raviart, directeur technique de la mission Etalab.

Open Data entre dans le processus d’open gouvernement, aussi appelé démocratie ouverte dans laquelle le gouvernement donne accès à ces citoyens à en ensemble de données et procédures afin de favoriser une transparence des gouvernements envers les citoyens et leur redonner plus de pouvoir de contrôle, supervisions ainsi que de prendre part aux décisions gouvernementales et locales. Demande pendant longtemps l’accès à disposition à tous de la base des codes SIRET dont ont besoin toutes les entreprises. Données indispensables, mais payantes, incomplètes ou issues de bases piratées ne facilitait pas l’émergence de nouvelles sociétés. Les nouvelles lois en faveur de l’open data sont autant d’aides permettant de déverrouiller une partie des démarches administrative obligatoires et donnent accès à un maximum d’acteur de données précises tout en encourageant de nouveaux usages volontairement méconnu. On ne préjuge pas de l’utilisation de la donnée.

La ville de Rennes en mode Open Data

Data visualisation

La ville de Rennes organise depuis l’ouverture des données une série de projets de visualisation permettant à chacun d’exploiter librement ses données. Depuis la plateforme http://dataviz.rennesmetropole.fr/quisommesnous/index-fr.php chaque Rennais peut obtenir des données comparatives selon son sexe, son âge, lieu de naissance, sa profession (selon les différents secteurs), la situation face au travail (contrat de travail, chômage, étudiant, retraité, au foyer…), les lieux de travail, transports, situation à l’état civil et diplôme le plus élevé.

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Les données à destination des familles nous permettent de connaître les proportions de personnes selon leur logement, qu’ils soient propriétaire, locataire, logé gratuitement, dans quelle superficie vivent-ils, depuis combien de temps y vivent-ils ou encore le nombre de voitures que possèdes ces familles.

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Carte Open Data Region Bretagne. http://kartenn.region-bretagne.fr/mviewer/

Avis d’un élu rennais

Emmanuel Couët, président de Rennes métropole, veut donner au secteur du numérique rennais les cartes nécessaires à son essort pour les années à venir. Il prédit la création d’un millier d’emplois annuels dans le secteur du numérique avec l’obtention en 2014 par le Mabilay du prestigieux label de la French Tech et l’installation d’entreprises du numérique. Concernant la technopole de Rennes Atalante, ce sont près de 70 % d’entreprises travaillant dans le secteur du numérique ce qui représente plus de 200 entreprises et près de 15000 salariés. L’ensemble de ces entreprises constituent pour la métropole de Rennes un incroyable terreau d’innovation, permettant d’obtenir une place de choix dans la France et l’Europe à venir.

Pour permettre à ce projet de se concrétiser, les élus locaux soutiennent toutes les initiatives publiques comme privées pour la transition numérique en cours sur le territoire local.

Depuis la loi numérique que nous verrons dans une autre partie et dont l’application débutera à partir d’octobre 2018 sur l’ensemble du territoire, l’ouverture des données «par défaut» sera obligatoire dans les collectivités de plus de 3500 habitants. La richesse et la diversité des acteurs locaux permettent dès 2012 la création du collectif «Open Data Rennes» dont le but est de réunir «développeurs, graphistes, journalistes, citoyens intéressés, porteurs d’idées et de projets, acteurs de la collectivité» et de leur faire découvrir l’open data. Cette promotion de l’OD a pour but de permettre son développement rapide afin de donner accès au plus grand nombre aux données récoltées par les services publics et permettre le développement de nouvelles entreprises et de nouveaux services, contenus… L’OP est une richesse, une source que peuvent utiliser de nombreux nouveaux métiers allant des datascientist aux datajournalistes qui peuvent par exemple exploiter les données pour faire de la datavisualisation et redonner à l’information de nouvelles formes plus claires et détaillées. 

 

Open Data : chemin vers la démocratie ouverte ?

Sources : podcast «Atelier des médias» sur RFI
http://www.cada.fr/

L’un des objectifs de l’open data est de permettre davantage de communication entre les acteurs publics et la société civile. À travers l’exemple de Sylvain, journaliste chez DataGueule, la question de l’accès et l’utilisation des données se posent. Le principe de cette émission diffusée sur YouTube et financée par France 4 est d’illustrer en vidéo des faits sociétaux, en se basant sur une multitude de données parfois ouvertes souvent fermées et peu accessibles.

La France affiche dans ses objectifs officiels des engagements en termes de gouvernement ouvert et souhaite la mise en place de l’ouverture des données publique (ou mise en place de l’open data) à travers une série de mesure, dont l’instauration du site officiel du gouvernement : data.gouv.fr. Celui-ci n’est pas une base de données suffisante pour alimenter le travail des journalistes, avec des données trop générales et pas assez complètes pour pouvoir créer des informations pertinentes et intéressantes. En plus de ces données officielles, les équipes de DataGueule doivent chercher et trouver d’autres données à mettre ensuite en forme pour pouvoir créer des informations complètes.

Création de données ouvertes hors État

L’État n’est pas le seul contributeur à l’open data et des fondations telles OpenStreetMap se donne pour mission de collecter des données — dans ce cas des données de cartographie — et de donner un accès libre et gratuit à tous ceux qui le souhaitent. Les cartes «open street map» sont parfois plus détaillées que les cartes classiques fournies par des acteurs privés tels Google Map grâce à la collaboration des habitants et des personnes présentes sur le terrain. Un des autres avantages d’une carte «libre» est qu’elle n’est pas sensible aux enjeux financiers et politiques que peut rencontrer la concurrence (problème des frontières changeantes selon le lieu de connexion dans le monde) et les utilisateurs du service peuvent être sûrs qu’ils ne sont pas suivis et que leurs recherches servent à alimenter des fichiers clients revendus à des publicitaires.

La «Fondation Open Knowledge» milite pour l’ouverture de la connaissance en général et en particulier sur les données ouvertes. Cherche à fédérer les associations francophones qui s’intéressent à cette thématique, en profitant de la captation de jeux de données de manière participatives, avec des cartographies, de données en formats ouvertes et accessibles. La banque mondiale est une institution financière internationale qui finance des projets de pays. En 2010 pour répondre aux critiques concernant les projets financés, à quels coûts, pour quels résultats, la Banque Mondiale à décider d’ouvrir en OpenData, de données au niveau macro des pays et aide depuis les pays à ouvrir eux aussi leurs données.

En plus des associations et fondations à but non lucratif, des sociétés privées, comme Uber, ont compris l’intérêt d’ouvrir une partie de leurs données qui bénéficie à tous et favorise également l’image de marque.

Limitations d’accès aux données

La CADA

Pour accéder à certaines informations, les équipes de journalistes doivent parfois faire appel à la CADA – Commission accès aux documents administratifs – Site officiel de l’instance consultative et indépendante, qui informe sur le droit d’accès aux documents administratifs et aide les citoyens dans leurs démarches. Cependant la CADA ne donne pas accès à tous les documents, certains étant classés confidentiels, et surtout cette commission n’a qu’un pouvoir consultatif sur les institutions, elle ne peut pas obliger une autre administration à fournir un document.

Rétorsion de données au sein des ministères

Chaque administration produit chaque jour des lots de données. Ces données dans le cadre de l’open data devraient être progressivement mises à disposition du public dès lors qu’elles sont anonymisées pour la sécurité de tous les acteurs judiciaires, allant des victimes aux coupables en passant par tout le personnel judiciaire. Cependant, certaines administrations comme la Direction des pêches maritimes et de l’aquaculture (DPMA) bloquent les requêtes de demandes de données. Bloom, une association militante pour la protection des océans souhaite depuis plusieurs années avoir des données concernant les bénéficiaires des aides européennes aux pêcheurs le travail d’enquête, mais à ce jour ces requêtes ont toujours étés refusées. Le ministère de la Justice doit quant à lui ouvrir certaines de ses données au fur et à mesure sur — par exemple — toutes les questions concernant des délits et des peines de prison effectives. Avec plus de 2618374 décisions de justice civile et 1203339 décisions en matière pénale en 2014, ce ministère produit un grand nombre de données que les citoyens, chercheurs, journalistes pourraient étudier et mettre en forme pour pouvoir faire de nouvelles découvertes et gagner en efficacité.

Problématique de la vente des données

L’une des problématiques de l’ouverture des données est qu’elle touche la plupart des administrations en obligeant certaines qui n’avaient aucune politique d’ouverture à se moderniser, mais aussi d’autres institutions qui ont l’habitude de produire de la donnée à des fins commerciales. L’open data touche le financement de ces dernières qui se retrouvent à devoir investir pour créer les bases de données sans pouvoir les vendre comme auparavant, causant de fait une volonté de freiner l’OD. L’Etat est dans un double discours illustrer par la publication de deux décrets de revendre les données qu’elles collectent dans le cadre de leurs missions de service public.

Intérêts des lobbies

Nous observons un paradoxe grandissant entre une volonté de plus en plus affirmée de la part des citoyens de reprendre leur place dans la démocratie avec l’aide de l’OD, des institutions qui adaptent leurs discours pour s’adapter à ces nouveaux changements tout en étant approché par les lobbies. Le citoyen dans cette logique de double discours n’est que peu entendu des institutions publiques, démontrant l’un des mauvais usages pouvant être faits de la communication, outils modifiant les discours, mais pas les usages de la vie politique. L’appropriation d’avantages — pas toujours moraux — comme l’utilisation très libre des réserves parlementaires n’aident pas ceux-ci qui profitent d’une organisation à la remettre en question. En plus des questions de corruption, l’importance des données est également importante pour dévoiler certaines informations concernant les marchés publics.

Formats inexploitables

En plus des données dites officielles, beaucoup d’informations ne sont disponibles au public que sous forme de PDF ou dans d’autres formats rendant l’exploitation des données plus compliquée, ce qui est contraire aux règles de l’open data. La logique de contrat de recherche publique du gouvernement avec Microsoft et des sociétés de logiciel payant à la place de logiciels libres pose là encore le problème des formats propriétaires qui limitent l’accès aux données à tous.